En novembre dernier, Pretoria confirmait que le Brésil avait renoncé à proposer Marcelo Crivella comme ambassadeur en Afrique du Sud1 .  Jair Bolsonaro souhaitait désigner ce pasteur évangéliste, et ancien maire de Rio de Janeiro, à ce poste pour plaire à l'IURD. Cette église évangélique est très présente au Brésil où elle possède un important conglomérat médiatique.

Marcelo Crivella, qui n'a pas de compétences diplomatiques particulières, a cependant prêché en Afrique du Sud dans les années 90. Il a d'ailleurs décrit cette expérience dans un livre critiqué pour ses visions racistes2 . Mais la proposition de nomination de Crivella à Pretoria a créé un malaise entre le Brésil et l'Afrique du Sud, qui n'a pas répondu à la proposition brésilienne.

Le choix de Marcelo Crivella trouve son origine dans un conflit ayant éclaté en 2019 au sein de l'IURD en Angola, où les cadres brésiliens ont été expulsés, et remplacés par des cadres angolais. L'IURD souhaitait donc un soutien du gouvernement brésilien, alors que sa présence en Afrique est menacée, malgré sa stratégie médiatique: perte d'influence en Angola et au Mozambique, expulsion de Zambie, et poursuites judiciaires en Afrique du Sud, entre autres pour stérilisation forcée.

Mais au-delà de ces problématique, Crivella est surtout connu pour ses actions contre la liberté de la presse lorsqu'il était maire de Rio de Janeiro. Si le Brésil est connu pour avoir eu la pire gestion de la pandémie de Covid, avec un Président niant la gravité de la situation, Marcelo Crivella a participé à la désinformation du public en empêchant les reporters brésiliens d'enquêter sur la réalité de la situation dans les hôpitaux de Rio.

Fin août 2020, un reportage de TV Globo3 révelait que des fonctionaires de la mairie de Rio étaient payés pour perturber les reportages sur la pandémie, intimider les journalistes et empêcher les personnes interviewées de témoigner. Ces équipes se coordonnaient sur des groupes whatsapp, et assuraient une garde régulière devant les centres de soins. Les fonctionaires étaient menacés de licenciement en cas d'absence. Ces actes ont été dénoncés par l'association brésilienne des radiodiffuseurs, RSF et par le CPJ. Un numéro de téléphone appartenant à Marcelo Crivella a été identifié sur l'un des groupes whatsapp dédiés à l'organisation de cette milice anti-reporters. L'enquête de la police de Rio a révélé que près de 200 personnes ont participé à cette milice. La Mairie de Rio a justifié ses actions en expliquant que c'était un moyen de combattre les fausses informations et d'empêcher TV Globo de manipuler les informations aux portes des hôpitaux.