En octobre dernier, Reporters sans Frontières publiait "Le Système B" sur youtube, un documentaire décrivant l'extension de l'empire médiatique de Bolloré, et ses méthodes, qualifiées de "brutales". Le Secrétaire Général de RSF, Christophe Deloire, dénonçait la dangerosité de la concentration des médias dans les mains d'un homme d'affaire ayant "une conception du journalisme fondée sur la servilité"1 et qui "attaque systématiquement les journalistes qui enquêtent sur ses affaires"2 .

Jean-Baptiste Rivoire, ancien journaliste de Canal+ est en effet poursuivi par Nulle part ailleurs production3 pour l'avis qu'il a émis dans le documentaire de RSF sur les méthodes de Vincent Bolloré. Christophe Deloire a réagi en constatant que la procédure  engagée par Bolloré à l'encontre de Jean-Baptiste Rivoire démontre exactement ce que le documentaire de RSF dénonce.

Dans le documentaire de RSF -qui rappelle par ailleurs que les activités africaines de Vincent Bolloré représentent un tiers du chiffre d'affaire du groupe- les témoignages des journalistes sont édifiants : "on a un énorme groupe de médias qui agit totalement hors des clous", "c'est une vision du journalisme aux ordres", "c'est la brutalité totale, tout le monde s'accorde a le décrire comme ça", "on s'est rendu compte qu'on était trente ou quarante journalistes différents de différents médias toutes sensibilités confondues à avoir été attaqués par Vincent Bolloré", "de manière quasi-systématique il attaque tous les médias et tous les journalistes qui souhaitent enquêter pour mettre en lumière ses pratiques problématiques"...

Elu syndical SNJ-CGT, Jean-Baptiste Rivoire dénonçait depuis des années les méthodes de Vincent bolloré, qui était devenu actionnaire principal de Vivendi en 2015. Il citait par exemple la censure d'un reportage  sur le Crédit Mutuel, dont le patron, Michel Lucas, est un ami de Vincent Bolloré. Le groupe Vivendi avait poursuivi Nicolas Vescovacci, l'un des auteurs du reportage, auteur du livre "Vincent tout puissant", lui réclamant 700.000 Euros de dommages. La justice avait débouté le groupe Vivendi, et l'avait condamné à verser 8000 Euros de dommages pour procédure abusive4 .

Sur sa chaîne youtube OFF Investigation, Jean-Baptiste Rivoire a annoncé que malgré les poursuites engagées par Bolloré, la rédaction de OFF Investigation avait décidé de continuer ses enquêtes.